mercredi 10 décembre 2008

Révélation


Dirai-je le balancement fou du monde en moi ?
Le chœur floral, l’âme minérale, le Royaume céleste,
battent en moi dans leur unité Christique,
je comprends tout,
mon chemin vers Lui fut long,
mais je marchais d’un pas allègre…
à toutes mes chutes, Il me releva.
J’étais sûr de toutes les chansons à venir…
Dans ce cloître du silence,
un vieux moine me parla doucement
et quand je retournai chez moi,
Tu m’attendais Seigneur.

Je n’ai jamais été seul,
si quelquefois je l’ai cru,
c’est parce que je n’osai prononcer trop fort Ton Nom,
Seigneur l’Alpha et l’Oméga…
J’ai marché sur le papier comme un reflet sur l’eau :
il n’est nul mystère dans mes mots,
si ce n’est l’Amour,
un très profond Amour…

Claude Lopez-Ginisty: En attendant la Parousie
Photo: Linceul sur le paysage ( auteur)

mardi 9 décembre 2008

Paysage III




Eclair



Tu as pris avec toi
l'orage et ses larmes
il me reste les éclairs
et l'attente rêveuse
de l'arc-en-ciel

Bal des lumières au ciel
Eve y danse
lentement
sûrement
dans les secondes lumineuses
qui tissent l'éternité

Claude Lopez-Ginisty: Le livre de sable et de soleil

lundi 8 décembre 2008

Paysage II


Pêcheur - paysages paysage




Il n'est nulle trêve 
dans ce rêve de Dieu

sa blessure douce-amère 
est profonde comme un regret
avant d'offrir très loin
au-delà du paysage
la paix limpide et dormeuse de la mer

Au fond d'une crique
elle recrache 
de sa langue diaphane les algues
pour mieux dire
le silence

silence soudain nu
pur éclat adamantin
existence
exquise transe en soi
avec l'éternité favorable de l'instant

Claude Lopez-Ginisty: Le livre de sable et de soleil

dimanche 7 décembre 2008

Paysages I


Cascade - paysages paysage

La musique du vent 
se peigne 
dans les mains d'oliviers secs

Il fait bleu 
à l'ombre des maisons blanches 
où s'écrase et dort le soleil
pris dans une gangue pierreuse

Le jour passe comme du sable 
sous le pied menu d'un lézard

Les paroles 
dans la vibration bleue de l'air
sont oiseuses et non avenues
parfum ajouté à l'âme des roses

Claude Lopez-Ginisty: Le livre de sable et de soleil

mercredi 3 décembre 2008

Nostalgie du soir


Le soir esquisse lentement
Le souvenir un peu tendre
Douloureux et nostalgique
D'un premier baiser
Dans l'herbe douce du divan
Avec pour musique le vieux carillon
Dans le jardin de pierres grises
Où fleurit la rosace de la Cathédrale

Claude Lopez-Ginisty: L'autre versant de la Vie
Tableau: Isaac Levitan/Par dessus la paix éternelle

mardi 2 décembre 2008

Pèlerin



Passe doucement
Pèlerin de l'absolu
A la recherche de la Lumière

Tu ne sais même pas encore
Déchiffrer 
La teneur exacte de ton ombre

Claude Lopez-Ginisty: L'autre Versant de la Vie
Photo: Chablais/Sibérie ( auteur)

mardi 25 novembre 2008

Nostalgie



Nostalgie
Des hivers de là-bas
Du soleil qui brûlait les questions
Et donnait les réponses

Ana machi enta...
Tu ne peux pas comprendre
Il fait trop tiède ici
Même quand il fait chaud

Nostalgie
Des étés de là-bas
De la neige au bord du Sahara
Qui blanchit les photos jaunies
Même après l'oubli et le temps

Ana machi enta...
Même quand tu comprendras
Il fait si froid ici
Que la neige devient sale

Laisse-moi rêver d'Aïn Guesma
De Tiaret de Trézel d'Aflou de Martimprey
Et de Frenda dans toutes les saisons
De mon enfance perdue

Ana machi enta...
Tu n'es pas moi
Jamais tu ne comprendras 
Vraiment

Nostalgie de la grande voix de Camus
De la clameur de Roblès
et des poèmes de Taos et Jean Amrouche
Qui déchirent l'âme et fendent le cœur
Y laissant béante la plaie de l'exil
Que nul paysage ne va consoler

Ana machi enta...
Je ne suis pas toi
Jamais vraiment
 Tu ne comprendras
Ya habibti

Claude Lopez-Ginisty: Biladi
Photo: Imitation de la Montagne Carrée 
De Tiaret 
En Chablais Suisse 
( auteur)

dimanche 23 novembre 2008


Ce matin s'est engoncé dans l'hiver
Tout est calme et blanc
Dans l'air pur et froid
Des étoiles scintillent
Sous les lances invisibles du soleil

Les pas sont feutrés
Dans l'albe silence
Et les moineaux ne chantent plus
Ils attendent sur le toit
Des miettes qui se perdront 
Dans la neige immaculée

Le vert des sapins résiste
A la tempête blanche
Ils rappellent avec obstination
Que le printemps viendra
Repoussant dans l'exil des cimes
Ce linceul magnifique
Qui a volé les derniers ors de l'automne

Claude Lopez-Ginisty: L'autre versant de la vie
Photo: Colline sous la neige ( auteur)

samedi 15 novembre 2008

Dorure automnale


L'automne 
A jeté tout son or
Dans la banque du vent
Il a enrichi 
Les sentiers et les rues
De sa monnaie dérisoire

Toi qui passe
En crissant
Vois comme la nature est sage
Elle jette l'or 
Sous le ciel de septembre
Et laisse ses arbres nus

Dans la vérité
De ce dépouillement
Les squelettes de branches
Sont humains et dérisoires
Mais humbles
De leur tranquille nudité

Tu aurais
Leur belle délicatesse
Et leur austère mais doux aspect
Si tu connaissais toi aussi
L'automne qui enrichit en dépouillant

Mais tu n'as pas de saison
Tu vis dans un monde parallèle
Où la pauvre nature est un décor
Que l'homme façonne et tue
Et que tu ignores superbement


Bientôt les nuages
Sortiront de nos lèvres
Au petit matin
Et nos soirs seront blancs et noirs
Sous la bise neigeuse

Mais dans le temps
Et dans le souvenir
Le moindre rayon de soleil
Chemine déjà dans la sève cachée
Pour revêtir de verdure
La dorure qui s'envolera en fumée
Dans l'air gris du jour
D'un matin d'automne

Claude Lopez-Ginisty: L'autre versant de la vie
Photo: Feuilles d'or sur le Frêne ( auteur)

vendredi 7 novembre 2008

jeudi 6 novembre 2008

mercredi 5 novembre 2008

mardi 4 novembre 2008

samedi 1 novembre 2008

Solitude des lieux


Solitude des lieux 
Habités par l'histoire
L'air est empli
D'échos silencieux

Il fait doux
Au soleil du souvenir
Passer sur la terre
Foulée par les morts

Tout est bel et bon
Sous le ciel automnal
Qui frissonne de feuilles 
Et jette ses ors à la brume

Nul paysage n'est étranger
A l'âme qui aime et compatit
Je retrouve en mon cœur
Des aurores semblables

Et je passe en rêvant
Solitaire et serein
Dans cette éternité immobile
Qui abolit le temps

Le soir tombera
Comme tombent les feuilles
Deuil de lumière
Après l'oriflamme du couchant

Je suis soudain 
Rassasié de beauté
Et je suis devenu émerveillé
Le calme doux du paysage

Claude Lopez-Ginisty: L'autre versant de la Vie
Photo: Villers, Belgique, (auteur)

vendredi 31 octobre 2008

Villers



Dans le cloître abandonné
Les fougères sont venues prier
Dans la pénombre herbeuse de l'abandon
Où les ombres du passé passent peut-être

Les piliers touchent enfin le ciel 
Et les dalles sont cousues de racines 
Qui les maintiennent au sol
Pour qu'elles ne disparaissent pas

Sous les voûtes  transparentes de midi
Si l'on chante un tropaire oriental
La voix résonne et revient vers l'âme
Comme pour ne laisser au silence nulle trace

Les yeux ne voient que la ruine du temps
Mais l'imagination fertile et tendre
Imagine doucement l'aube monastique
Et ses offices qui s'agrippent au cieux

Or donc dans l'oraison du silence qui domine
Avec l'encens léger de la brume
Et la végétation des murs comme une foule verte
L'or de l'automne promet ses richesses 

Dans le cloître abandonné
Les fougères sont venues prier
Dans la pénombre herbeuse de l'abandon
Où les ombres du passé passent peut-être


Claude Lopez-Ginisty: L'autre versant de la Vie
Photo: Abbaye de Villers , Belgique ( auteur)

samedi 25 octobre 2008

Le vent s'est vêtu de corbeaux



Le vent s'est vêtu de corbeaux
Sur les nuages qui moutonnent
Il fait frissonner les ruisseaux
Et briller ses ors monotones

Il n'est forêts bois ni coteaux
Qui au sommeil ne s'abandonnent
Le vent s'est vêtu de corbeaux

Nuages qui tombent en eaux
Feuilles qui volent et s'étonnent
Crissant sous les pas qui résonnent
Les jours s'estompent en lambeaux
Le vent s'est vêtu de corbeaux

Claude Lopez-Ginisty
Le Jour de Charles d'Orléans 

Photo: 
Automne au Creux de Charpigny (auteur)

lundi 13 octobre 2008

Mélancolie




Mélancolie 
Aux yeux de suie
Quand le chagrin
Ouvre sa main

Un poète oublié
Au fond d'une mansarde
Ecoute en lui chanter
Un souvenir maussade

Mélancolie
Aux lèvres nuit
Dans le baisier
D'un seul été

Sur la grêve d'un port
Un enfant tout en noir
Qui regarde le bord
Et s'en va dans le soir

Mélancolie 
Aux cheveux gris
Quand le soleil
Ferme le ciel

Au front doux des ruisseaux
Le violon du silence
Grince à tous les échos
Une étrange romance

Mélancolie
Aux pieds de pluie
Quand le matin
Pleure au jardin

Sur le lit un grand corps
La main sur une rose
Et des poèmes morts
Entre ses lèvres closes

Mélancolie
Comme une amie
La valse meurt
Au fond d'un cœur

Et la main qui écrit
Un poème nuage
En partant dans la nuit
Pour un autre rivage

Claude Lopez-Ginisty: Rhapsodie Somniloque
Tableau:Dürer Mélancholia

samedi 11 octobre 2008

Vêpres


Voici le temps de la journée
où la vie se calme autour de moi
comme la dernière vague
vient en gémissant de sa langue d’écume
dire au sable le sommeil de la houle

et je suis dans l’océan de Ton Amour
le minuscule grain de sable
humide soudain
dans la foule de la plage
avant Ton baiser de soleil
qui me dorera au matin neuf

Et Tu peux m’emporter quand Tu le veux
pour me mêler joliment dans Ton océan d’Amour
au corail de Ton Verbe à jamais

Claude Lopez-Ginisty: En attendant la Parousie
Photo: Lutrin/ Livre/ Lestovka/ Tchotki

vendredi 10 octobre 2008

Transparence


Les autres
Sont aussi
Ce que je sais
De moi

Claude Lopez-Ginisty: En attendant la Parousie
Photo: Fleurs Folles du Courtil ( Auteur)

lundi 6 octobre 2008

Le cœur marin







Photo prise face à la mer sur une plage chilienne

J’ai tant chanté la mer
Aux marées d’équinoxe
Que je garde en mon cœur
Les vagues de sa voix

Et quand descend le soir
Comme un reflux magique
Leur nostalgie remonte
Jusqu’au port de mon âme

Mais j’ai le cœur marin
Je ne crains les tempêtes
Mes amours sont des mouettes
Qui me suivent au loin

Et si parfois je pleure
C’est pour un vieux soleil
Qui brillait sur la plage
Où je t’ai rencontrée

J’ai tant rêvé la mer
Aux lunes d’équinoxe
Que mon cœur parfois casse
Et reste à marée basse.

Claude Lopez-Ginisty: Le livre de sable et de soleil

jeudi 2 octobre 2008

Chanson pour Pierrot


Partition de Au clair de la lune.

Qu'une étoile soit un falot
Au sombre d'une pleine lune
L'albe tristesse de Pierrot
Fait de ses pleurs une lagune

Et la Mer de Sérénité
Garde sa fille Colombine
Il faut décrocher un été
Dans septembre qui meurt de bruine

Les soupirs font une oraison
A l'amour pâle de Pierrot
Il faut se faire une raison
Déjà il épargne un sanglot

Et il repart les yeux au sol
La si do ré mi Colombine
Est un diapason un peu fol
Pour un cœur qui meurt en sourdine

Claude Lopez-Ginisty: Chansons

mercredi 1 octobre 2008

Kitège



Par temps de nostalgie
lorsque les yeux se perdent dans le rêve

Au pâle soleil de septembre
Au bord de l'eau comme une larme
Que retiendrait la rive moussue
D'un lac d'où s'élève le voile tendre
D'une brume vaporeuse

Kitège vacille
Apparaît 
Disparaît

Sous l'onde des souvenirs
Un de ses clochers sonne
Un glas de plusieurs siècles
Ou l'annonce d'une fête
Dans l'éternité

Mais le regard se brouille
Le lac n'est plus qu'un lac
Et la berge herbeuse
A cousu le paysage d'un ourlet vert
Qui l'attache au présent

Kitège reprend son exil
Dans la mémoire fragile
Des jours nostalgiques
Où la réalité touche au ciel
Et soulève la terre des vivants
Jusques aux portes sublimes du Royaume


Claude Lopez-Ginisty: Le livre de sable et de soleil
Tableau: Mikhail Vasilievitch NESTEROV: La Vision du Jeune Barthélémy

lundi 29 septembre 2008

Songe


L'étang imite le ciel
Et emprisonne fluidement le paysage
Dans son miroir placide

L
a forêt s'avance
Au rythme solaire du printemps
Et la jeune fille 
Cueille une goutte de rosée
Au bord de mon regard

La nuit 
Devient une aube intérieure
Et toutes les âmes
Sont amicales

Claude Lopez-Ginisty: Le livre de sable et de soleil
Tableau: Isaac Ilitch Levitan/ Весна. Большая вода

vendredi 26 septembre 2008

Rencontre éternelle


Icone de la Sainte-Face de Simon Ushakov 1677 Galerie Tretyakov Moscou

Je L’ai rencontré

La sente estivale grésille sous mes pas :
J’ai avec Toi
l’accord tacite de la Beauté des roses

Tu reviendras demain

Sur mes lèvres et dans ma voix
J’accepte soudain de prononcer Ton Nom
pour que ma vie soit éternelle

Tu reviendras demain

Tu as glissé dans ma vie
le frisson léger et pur
de la Sainte Joie

Demain Tu reviendras

Tu as pris la dernière ténèbre
pour faire que ma nuit
ignore l’obscurité

Demain Tu reviendras

J’ai déjoué tous les mystères
de mes nuits sans sommeil

Demain

J’ai compris le sens caché
de ces quatre Livres

Tu reviendras

Je n’ai plus d’ombre
sous mes pas

Tu reviendras

Cœur
Demain

Ame
Demain

Esprit
Tu reviendras demain
et tous les autres jours de ma vie
avec tous les rêves inachevés
simplement parce que je T’ai enfin trouvé

Claude Lopez-Ginisty: L'Autre versant de la Vie
Mandylion russe

mardi 23 septembre 2008

Rêverie



Comme un albe étalon chevauchant 
Dans la nuit bleue 
Le long d'une plage solitaire
Où la houle murmure
Son gémissement sourd
A la lune immense sur l'horizon
Mon rêve avance dans les ténèbres claires

Je possède enfin
La légèreté de l'écume
Avec la force tendre de la brise marine

Je suis le paysage tout entier
Pèlerin dévoilé sous l'œil cyclopéen
Lumineux de toutes les étoiles
Et sûr de la beauté ineffable du monde

Je n'ai plus de larmes ni de soupirs
La douceur du temps se veut éternelle
Et tout mouvement est vol
Qui me fait voyager immobile
Au sein de l'évidence

Je n'attends que la vie entière et nue
Aux sources de l'indicible beauté
Et je chevauche mon rêve
Comme un albe étalon dans la douceur du sommeil

Claude Lopez-Ginisty: La Maison d'Améthyste

lundi 22 septembre 2008

Paix




Le soleil carcellaire
Avec ses barreaux de lumière
Enferme le paysage 
Et le cancelle 
Dans un embrasement subtil

J'ai vécu toutes les aurores
Aux yeux de mes amours
J'ai défini au regard du temps
Les marges du nonchaloir
Et l'éternité de l'attente

Dans ce matin seul de septembre
Mains ouvertes sur l'inconnu
Je suis absent à jamais de la nuit
J'avance dans l'espérance
Et la conscience pure du Royaume

Dans mon cœur apaisé s'épanouit
Le secret éblouissant des rêveurs de lune
Une tendresse bleue
Sertie dans l'attente songeuse 
De Ta venue

Claude Lopez-Ginisty: L'autre versant de la vie
Tableau: Isaac Ilitch Levitan/ Au dessus de la paix éternelle

dimanche 21 septembre 2008

Attente




Je suis la chanson sans musique
L'arpège immobile
D'une main perdue sans la tienne

J'ai la conscience nette et froide
De la nudité de mon être
Et je ne sommeille pas

Je suis le paysage sans lumière
A la lisière du chagrin
Dans le chœur douloureux du souvenir

J'ai les yeux ouverts à l'intérieur
Je psalmodie sur un ton mineur
Et je ne rêve plus

Tu es l'aube et le crépuscule de ma vie
Le secret oublié des prophéties d'Amour

Claude Lopez-Ginisty: La Maison d'Améthyste
Tableau: Isaac Ilitch Levitan/ Le monastère silencieux