lundi 24 août 2009

Nocturne


La journée s'achève sur le paysage
Et dans mon cœur impatient
et s'apaisent tous les soucis inutiles

demain est un autre jour
sans doute plus clair

au lointain la montagne
invite à s'élever

l'air est gorgé de soleil
et de chants d'oiseaux
la forêt ondule lentement
sous une légère brise

il fait bon
ne plus penser
rester face au silence
et ne pas le compromettre
avec des projets ineptes

le soir me hèle joyeusement
je vais chanter à perdre voix
des airs anciens

et m'endormir tendrement
en fredonnant une chanson douce
du temps où j'étais enfant


Claude Lopez-Ginisty: L'âme des paysages
Photo: Montagnes qui attendent l'hiver ( auteur)


samedi 22 août 2009

Nuances

Pour Irène

+

bleu
ciel et mer
et les souvenirs
qui voguent
et dérivent

rouge
aurore et sang
naissance du temps
qui commence
le chemin

vert
printemps et forêts
retour de la nature
qui envahit les yeux
comme un jardin

jaune
soleil et blés
chaleur sauvage
et douce de l'été
qui lézarde dès le matin

brun
arbres et terres
océan mouvant
sous la caresse nette
du vent qui se lève

rose
aube et crépuscule
douceur lente
des amitiés nouvelles
qui viennent et partent

blanc
linceul et neige
manteau de froidure
qui givre les pensées
et les immobilise

noir
miroir sans fond
écho muet
ombre de lumière
avant la Lumière

Claude Lopez-Ginisty: L'âme des paysages
Photo: Crayons de couleur>wikipedia

vendredi 21 août 2009

Silence


Tout est tu
lové dans l'âme
de l'Amour

la ténèbre nuit
aux bruits
qu'elle ajourne
au petit jour

l'air pianote
un grillon
et un hibou
au loin

mais sur la grève
du temps
ne s'étend
que ce feutre lent
du silence
et son archet invisible
qui écorche
le murmure sourd
d'un jet d'eau

calme soir
bercé
dans l'aphonie

ce n'est pas
être sourd
que d'entendre
seulement
le battement
du cœur apaisé

Tout est nu
et clair
revêtu
du suaire
de la nuit

Claude Lopez-Ginisty: La Maison d'Améthyste
Photo: Signes silencieux (auteur)

jeudi 20 août 2009

Nuages

Comme une brume légère
un nuage diaphane
une nuée transparente
la pensée du poème
est venue dans mon cœur
et je l'ai trouvée
si subtile
et si belle
dans sa douce pureté
que je suis resté coi
à la contempler
à vivre doucement
dans son insigne légèreté
qui résumait la vie
la mort
et la beauté
qui inspire le silence
l'admiration éperdue
et la ferveur muette

et pour ne pas écorcher le ciel
je n'écrirai pas
de poème en ce jour
de ciel nuageux


Claude Lopez-Ginisty: La Maison d'Améthyste
Photo: les merveilleux nuages de Baudelaire

mercredi 19 août 2009

Transfiguration


Le jardin
se dépouille
de ses fruits
et la nature morte
sur ma table
a les couleurs vives
de l'été

et toi
mon âme
porteras-tu des fruits
ou bien hélas
finiras-tu
nature morte
dévorée par le siècle

il y a loin
de la fleur au fruit
et plus loin
de la prière
à l'action

Claude Lopez-Ginisty: L'âme des paysages
Photo: Nature morte du jardin

mardi 18 août 2009

Chardons

Les chardons sur le chemin sauvage
offrent leur beauté nue
et leur soleil de pur océan
mais il faut se blesser
pour cueillir leur azur gris bleu

Ainsi les plus belles choses
ont leur valeur insigne
dans l'effort que l'on déploie
pour s'en emparer

Les roses de mon jardin
sont belles et élégantes
dans leur éclat de lumière
mais elles sont apprivoisées
et leurs épines domestiquées
ne blessent plus les poètes

Les jardins sont des prières de fleurs
mais les étendues sauvages
et leurs troupeaux bariolés
sont des âmes floréales
sous la grâce aimante de la pluie

Claude Lopez-Ginisty: La Maison d'Améthyste
Photo: Chardons furtifs au zénith

lundi 17 août 2009

Ciel d'Eglise


Si tu lèves les yeux
au ciel de l'Eglise
tu apercevras la réalité
intemporelle du Royaume

tu laveras ton regard
de toutes les impuretés
qui t'assaillent
dans ce monde de marchands

car cet univers spirituel
est bien plus réel
que les fantasmes du siècle
qui dénude et vend les âmes
et les corrompt

la Vérité
n'est pas ce qui existe
ou ce qui fait l'unanimité

il y a quelquefois
une seule rose
parmi tous les chardons

et il est des matins
qui ont une saveur d'éternité
quand ils sont dédiés
à l'Autre Soleil

Claude Lopez-Ginisty: En attendant la Parousie
Photo: Ciel d'Eglise, Constantinople

dimanche 16 août 2009

Aube


Aube lente
qui se lève
avec mes yeux ouverts

l'horizon est calme
et lisse mon front

le soleil pointe au loin
tandis que je m'étire
devant le paysage

un jour nouveau
vient doucement
de soulever les paupières
du monde endormi

des nuages au loin
ne promettent que le beau temps

et sur la colline
souple sous son herbe verte
les oiseaux picorent
avant d'aller en concert
dans les arbres à l'entour

plus loin encore
une basse cour offre
une symphonie débutante
au silence relatif
du matin naissant

accueille ce jour
comme un enfant nouveau
dans la grande famille du temps


Claude Lopez-Ginisty: L'autre versant de la Vie
Photo: Aube sur la Colline

samedi 15 août 2009

Bref


Au soir de cette longue journée
comme un écho dans la mémoire
qui parle des absents
qui sont plus vivants
que tous les vivants
et qui existent pleinement
dans leur écrin d'éternité

je les vois tous parfaitement
avec les yeux non pas de la nostalgie
mais avec le cœur d'un frère
d'un fils et d'un ami

quelque chose dans l'air estival
ouvre une porte secrète
qui donne de plein ciel
sur les souvenirs

et une larme de tendresse perle
à la pensée de ceux qui sont partis
dans le deuil et la peine
et qui vivent à présent
dans l'éternel matin
d'un jour immortel

Claude Lopez-Ginisty: En attendant la Parousie
Photo: Lichens II ( auteur)

vendredi 14 août 2009


Sous le lichen et l'écorce
années et peines diverses

puis le bois et la sève
jeunesse et souvenirs

et la nature poursuit
son inexorable chemin
jours et nuits
étés et hivers

le temps sillonne les visages
et ride les étangs
matins et soirs
plaisirs et regrets

regarde plus haut
branches et feuilles
comme des mains de printemps
pour décrocher les nuages

regarde encore plus haut
là où tes yeux ne voient plus

l'azur
le calme
et la douce certitude
du cycle des saisons

et l'espoir ineffable
du Royaume à venir

deux mains
enferment la prière
et libèrent l'âme

et l'arbre se tient
soudain droit
comme un bras tendu
vers l'au-delà

j'ai rêvé toutes les vies
je n'ai vécu que la mienne
mais Tu l'as rendue intense
et éternelle

Claude Lopez-Ginisty: En Attendant la Parousie
Photo: Lichens en apparence