Malgré la foule funèbre et noire
Ils partent irrémédiablement seuls
Nos amis morts
Sans offices ni prières
La compagnie des vivants
Les abandonne au bord de la fosse
Une pelletée de terre
Un discours qui sonne faux
Et les futurs défunts repartent
Pour vite oublier cette tristesse
Et s'ancrer dans une vie
Qui finira malgré tout
Dans cette horreur qu'ils fuient
Dans leur enfance lointaine
Ils connaissaient l'école et l'Eglise
La terre et le Ciel
Le monde alors ne s'arrêtait pas
A la béance de glèbe
Qui enferme le cercueil
Dans son linceul brun d'oubli
Il y avait la porte du cœur
Et l'huis merveilleux de l'âme
Qui permettaient l'espérance
Et magnifiaient l'existence
La beauté dérisoire des fleurs
Simule à présent une cérémonie
Mais le Nom Ineffable
Ne sera pas prononcé
Il faut respecter
Le refus obstiné de Dieu
Que manifestent les survivants
Nos lèvres resteront closes
Recouvertes du suaire noir
Du silence des mots
Du mutisme douloureux
Des paroles de la terre et du cœur
Qui montent vers le Ciel
Nous serons muets
Par simple respect
Malgré la clameur orante
Qui déborde de notre âme
Il faut respecter
Le refus obstiné de Dieu
Que manifestent les survivants
Nos lèvres resteront closes
Recouvertes du suaire noir
Du silence des mots
Du mutisme douloureux
Des paroles de la terre et du cœur
Qui montent vers le Ciel
Nous serons muets
Par simple respect
Malgré la clameur orante
Qui déborde de notre âme
Un insondable poids macabre
Plombe les visages
Et emprisonne les pensées
Dans l'horreur du néant à venir
Ce serait infamant à présent
Même au moment où la détresse
Vrille les cœurs d'une douleur lancinante
D'admettre qu'une prière s'impose
L'ami mort s'en va
Lent et immobile à jamais
Dans son pays d'oubli
A l'horizon sans fin de tristesse
De silence pesant
Et de regret
Seigneur Christ miséricordieux
Accorde à nos morts qui T'ont perdu
Dans l'orgueil de la vie
Et la bêtise du monde vain
L'entrée dans Ton Royaume
Reçois pour eux de nos lèvres indignes
Nos prières muettes
Le Psautier de nos larmes
L'encens de nos soupirs
Et accueille-les tendrement
Dans le Sein d'Abraham
Claude Lopez-Ginisty
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire