Prière pour aller au paradis avec les Ânes
Lorsqu'il faudra aller vers Vous, ô mon Dieu, faites
que ce soit par un jour où la campagne en fête
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
choisir un chemin pour aller,
comme il me plaira,
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles.
Lorsqu'il faudra aller vers Vous, ô mon Dieu, faites
que ce soit par un jour où la campagne en fête
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
choisir un chemin pour aller,
comme il me plaira,
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles.
Je prendrai mon bâton et sur la grande route
J'irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis,
Car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon-Dieu.
Je leur dirai : Venez, doux amis du ciel bleu,
Pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille
Chassez les mouches plates, les coups et les abeilles...
Que je vous apparaisse au milieu de ces bêtes
Que j'aime tant parce qu'elles baissent la tête
Doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds
D'une façon bien douce et qui vous fait pitié
Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je vous vienne,
Faites que dans la paix, des anges nous conduisent
Vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
Lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
Et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
Sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
Qui mireront leur humble et douce pauvreté
À la limpidité de l'amour éternel.
J'irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis,
Car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon-Dieu.
Je leur dirai : Venez, doux amis du ciel bleu,
Pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille
Chassez les mouches plates, les coups et les abeilles...
Que je vous apparaisse au milieu de ces bêtes
Que j'aime tant parce qu'elles baissent la tête
Doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds
D'une façon bien douce et qui vous fait pitié
Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je vous vienne,
Faites que dans la paix, des anges nous conduisent
Vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
Lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
Et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
Sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
Qui mireront leur humble et douce pauvreté
À la limpidité de l'amour éternel.
Francis Jammes
Le Deuil des Primevères (1901)
*
*****
*
驢
Il avait raison
Le poète Francis Jammes
De louer les ânes
Comme ils sont paisibles
Humbles et doux ils cheminent
Ou dorment dans l'herbe
Parfois par surprise
Ils poussent un cri terrible
Qui pince le cœur
Avec notre Maître
Un de leurs petits entra
Dans Jérusalem
Et comme Francis
Nous pensons qu'il serait bon
Au soir de la vie
En leur compagnie
D'entrer sous leurs pas légers
Dans le Paradis
Claude Lopez-Ginisty