Après midi.
La sève est à l'étal
Et les oiseaux sont calmes
Dans le clapotis végétal.
Une feuille part en voyage
Pour vivre de hasard.
Le bateau dit à l'arbre
Que marée haute suit toujours marée basse.
L'arbre répond au bateau
Que le printemps suit toujours l'hiver
Et ils brodent ensemble l'Espérance.
Double sérénité.
Je veux prendre
Ce calme d'arbre qui tremble
Dans le regard de l'eau
Et en tapisser mon âme.
La pierre et le bois.
Deux refuges
Qui se façonnent
Sous les doigts du temps
Et chantent de longues histoires
Pour toi
Si tu veux les écouter.
Enchevêtrement impénétrable.
Les arbres renchérissent leur ombre.
Apparence hostilité
Et pourtant
Les chemins sont des labyrinthes
Qui mènent au fond du cœur.
La forêt est une auberge immense
Pour ceux qui ont une faim des sens.
Il y pousse des lits de mousse
Réceptacles des couleurs.
Bras tendus,
Noirs et nus.
Apparence abandon, solitude.
Où est l'amitié des feuilles ?
Et pourtant en avril
Emménagent mille vies !
Arbre : recueil de poésies.
Ecorce, apparence dureté
Et pourtant
Tant de tendresse intérieure,
Tant de tiédeur.
Ils le savent les oiseaux
Qui s'y baignent au chaud.
Ramification.
Apparence indecision
Et pourtant
Ferme volonté
De toucher le ciel.
Si l'arbre prend des détours
C'est pour multiplier ses forces
Et ses offrandes d'amour.
Le jour vieillit
Et coule ses dernières clartés
Sur les épaules de l'arbre.
Il fait un peu frais.
C'est l'heure de rentrer.
Dans les cendres de l'air,
Les feuilles parlent bas
Avec des airs dévots
Comme dans les églises.
Le soir s'agenouille.
Un baiser orange,
Un baiser triste et doux
Comme un au revoir d'amants.
L'arbre n'est plus que cette ombre
Qu'il a des heures durant
Dessiné à ses pieds.
Silhouette d'indifférence
Pour l'oiseau nocturne
Le croisant sans se retourner.
Effacer l'apparence.
Nourrir son âme
De souvenir et de rêve.
Ne plus être qu'une ombre bleu marine
Sur le souffle de la nuit.