lundi 14 mars 2011

Rabindranath TAGORE: Jonaki/Oiseaux Errants 137-147



CXXXVII
Tu élèves tes vagues en vain pour suivre ton amant, ô mer, épouse solitaire de l'orage.

CXXXVIII
" J'ai honte de mon vide," dit le Verbe à l'Œuvre.
" Je sais combien je suis pauvre quand je te vois, " dit l'Œuvre à la Parole.

CXXXIX
Le temps est la richesse du changement, mais l'horloge, dans sa parodie, en fait seulement changement et non richesse.

CXL
Habillé par les faits, la vérité se trouve à l'étroit.
Elle se meut avec plus d'aise dans la fiction.

CXLI
Quand je voyageais çà et là, j'étais las de toi ô route, mais à présent quand tu me conduis n'importe où, je fais avec toi un mariage d'amour.

CXLII
Laissez-moi croire que l'une de ces étoiles guide ma vie à travers les ténèbres de l'inconnu.

CXLIII
Femme, aec la grâce de tes doits, tu touchas mon désordre et l'ordre en sortit comme une musique.

CXLIV
Une voix triste niche dans les ruines des ans.
Elle chante pour moi cette nuit:" Je t'aime."

CXLV
Le feu brûlant m'avertit par sa propre incandescence.
Sauve-moi des braises mourantes cachées dans les cendres.

CXLVI

J'ai mes étoiles dans le ciel.
Mais, oh, ma petite lampe est éteinte dans mon logis.

CXLVII
La poussière des mots défunts s'accroche à toi.
Lave ton âme avec le silence.

Rabindranath TAGORE

(Version française Claude Lopez-Ginisty)


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